L’Autorité de la concurrence sanctionne Novartis, Roche et Genentech à hauteur de 444 millions d’euros pour des pratiques abusives visant à préserver les ventes du médicament Lucentis pour le traitement de la DMLA au détriment d’Avastin, spécialité concurrente 30 fois moins coûteuse.Le laboratoire Genentech a développé le Lucentis, médicament traitant la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA), principale cause de malvoyance chez les sujets de plus de 50 ans dans les pays industrialisés. Il a aussi développé un autre médicament, un anticancéreux, l'Avastin. Les médecins se sont rendu compte que l'Avastin avait des effets positifs pour les malades atteints de DMLA, ce qui a conduit à un développement de son usage, hors autorisation de mise sur le marché (AMM), pour traiter cette maladie, alors que par ailleurs l’Avastin avait un coût 30 fois moins élevé que le Lucentis.A la suite du développement de l’utilisation hors AMM de l'Avastin dans le traitement de la DMLA, les autorités publiques de nombreux pays ont engagé des projets de recherche visant à tester l’efficacité et les éventuels effets secondaires associés à la prescription d’Avastin pour le traitement de la DMLA.C’est dans ce contexte que les laboratoires Genentech, Novartis et Roche ont mis en œuvre un ensemble de comportements constitutifs d'abus de position dominante collective visant à préserver la position et le prix du Lucentis, en freinant l’utilisation hors AMM de l’anticancéreux Avastin. En effet, compte tenu des différences de coût de traitement entre les deux spécialités, toute utilisation d’Avastin à la place de Lucentis était susceptible d’entraîner un manque à gagner significatif pour chacun des trois laboratoires concernés (Novartis en tant que licencié, Genentech en tant que donneur de licence et Roche en tant qu’actionnaire principal, puis unique).Novartis a cherché à faire échec aux initiatives des médecins ophtalmologistes qui, dans le cadre de leur liberté de prescription, décidaient de prescrire Avastin "hors AMM" en ophtalmologie. Par ailleurs, Novartis, Roche et Genentech ont été sanctionnés pour avoir mis en œuvre un ensemble de comportements de blocage et pour avoir diffusé un discours alarmant, et parfois trompeur, auprès des autorités publiques sur les risques liés à l’utilisation d’Avastin pour le traitement de la DMLA.Estimant ces pratiques "particulièrement graves", l'Autorité de la concurrence a, par une décision du 9 septembre 2020, prononcé une sanction globale de 444.851.976 € (385.103.250 € pour Novartis et 59.748.726 € pour Roche/Genentech).